Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Russie : la détention de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva prolongée au moins jusqu’au 5 juin

Un tribunal russe a prolongé lundi 1er avril la détention de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva jusqu’au 5 juin, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) présent à l’audience.
Cette reporter de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), média financé par le Congrès américain, a été arrêtée l’année dernière pour ne pas s’être enregistrée en tant qu’« agent de l’étranger », qualificatif imposé par la justice russe, qui oblige les personnes ou entités visées à de lourdes contraintes administratives. Elle risque jusqu’à cinq ans de prison. Selon son média, elle est également accusée de diffusion de « fausses informations » concernant l’armée russe, passible de quinze ans de prison.
Lors de l’audience lundi à Kazan, capitale de la république du Tartastan, Mme Kurmasheva est apparue souriante, mais s’est plainte de ses conditions de détention, en raison du mauvais état de sa cellule.
« Les accusations portées contre Alsu sont sans fondement. Il ne s’agit pas d’une procédure légale, mais d’un stratagème politique, et Alsu et sa famille paient un prix terrible de manière injustifiée », a dénoncé dans un message le président de RFE/RL, Stephen Capus, cité par l’AFP.
La journaliste, qui réside d’ordinaire à Prague, avec son mari et ses deux filles adolescentes, était allée en Russie le 20 mai pour rendre visite à sa mère, malade, mais n’avait pas pu repartir, ses passeports américain et russe lui ayant été confisqués.
Alsu Kurmasheva, était depuis 1998 l’un des piliers de RFE/RL. Elle collaborait aux versions en langues russe, tatare et bachkire de cette publication, où elle traitait aussi bien de sujets sociaux que de la gouvernance du Tatarstan, une des régions les plus corrompues et autoritaires de Russie.
D’après des médias russes, l’accusation de diffusion de « fausses informations » portées contre elle est liée à sa participation à la publication d’un livre de témoignages de Russes opposés à l’offensive en Ukraine.
Des groupes de défense des droits estiment que la détention d’Alsu Kurmasheva constitue une nouvelle étape dans la campagne russe contre les médias indépendants, qui s’est intensifiée depuis l’offensive russe en Ukraine commencée en février 2022. Washington accuse aussi Moscou de procéder à des arrestations injustifiées de citoyens américains afin de les échanger contre des Russes détenus en Occident.
Si nombre de militants et de reporters russes ont fui le pays, d’autres ont été incarcérés. Plusieurs Américains sont également détenus, parmi lesquels le journaliste Evan Gershkovich, interpellé en mars 2023, en plein reportage, par les services de sécurité russe. Le journaliste du Wall Street Journal est depuis détenu à Moscou pour des accusations d’espionnage, qu’il rejette, tout comme Washington, son journal et ses proches. Sa détention provisoire a été prolongée à la fin de mars jusqu’au 30 juin.
Le 29 mars, le président américain, Joe Biden, avait déclaré : « Nous continuerons à dénoncer les tentatives scandaleuses de la Russie d’utiliser des Américains comme monnaie d’échange et à prendre des sanctions. » A l’occasion de l’« anniversaire douloureux » de l’arrestation d’Evan Gershkovich, il a promis de « travailler sans relâche pour obtenir [sa] libération ».

Le Monde avec AFP
Contribuer

en_USEnglish